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Breitling : le point avec Georges Kern, l'homme du changement

Joel Chassaing-Cuvillier : avez-vous résolu les problèmes de fiabilité de certains modèles et qu’avez-vous mis en place pour y remédier ?
Georges Kern : ce que je peux dire aujourd’hui c’est que nous avons un taux de retour qui est dans la moyenne de l’industrie horlogère. Il est clair que nous devons nous améliorer et que nous avons beaucoup de travail. Pour cela nous renforçons actuellement nos équipes de SAV et surtout Qualité.
 
Le nouveau mouvement maison B01 offre lui d’excellentes performances. Bien entendu, lorsqu’un constructeur automobile lance un nouveau moteur, il y a toujours des problèmes de jeunesse. Aujourd’hui, ce mouvement a considérablement évolué et je pense qu’il offre une très bonne performance et j’aimerais bien sûr faire partie des meilleurs.
 
C’est pour cela que nous investissons encore plus dans le développement. Il faut davantage s’impliquer dans la conception du produit. La qualité se conçoit en amont. Dès la première ligne d’un mouvement, il faut que la qualité soit impliquée. Intervenir en SAV, c’est trop tard, le SAV résout les erreurs du développement.
 
J.C-C : avez-vous prévu une garantie de cinq ans comme certaines marques ?
G.K : nos mouvements maisons possèdent une garantie de cinq ans, en revanche, les montres équipées de mouvements Valjoux ont une garantie de deux ans. Mais je donne raison à ce nouveau standard qui se doit d’être à cinq ans. Des standards qui comprendront des spiraux en silicium, l’antimagnétisme, une grande date, une réserve de marche, un second fuseau horaire, etc.
 
La montre doit s’inspirer des succès de l’industrie automobile japonaise qui, il y a trente ans, offrait la qualité et surtout, avait supprimé le système des options à l’inverse des constructeurs automobiles allemands qui avaient encore des listes d’options interminables. Le client attend un confort que nous lui devons.
 
J.C-C : allez-vous faire évoluer le positionnement prix des différentes collections et dans quel sens ?
G.K : je pense que nous offrons un excellent ratio qualité/prix. Le B01 chronomètre d’une excellente qualité est vendu environ 7.000 euros alors que notre concurrence directe est trois fois plus chère. La qualité perçue, et réelle de la marque, est énorme. Changer notre positionnement de prix, c’est clairement non.
 
Bien sûr, nous pouvons lancer des modèles en or ou quelques petites complications, mais en dehors de quelques séries limitées de cinq pièces, nous ne ferons jamais de tourbillons, ni de haute horlogerie. Ce n’est pas notre créneau. On ne veut pas changer le positionnement de la marque.
 
Nous avons notre style, nous voulons des produits relax et informels à l’image de nos nouvelles boutiques qui s’inspirent d’un esprit loft. Nous n’avons pas le formalisme de certaines marques concurrentes. Nos clients s’identifient à un style et ensuite à la marque. C’est à ce moment qu’ils achètent le produit.
 
J.C-C : que vont devenir les montres à double affichage digital  ainsi que les montres à balises de secours ?
G.K. : nous allons maintenir les deux types de produits. Ils participent à l’image de la marque. Bertrand Piccard et Orbiter II sont très promotionnels. Cependant, lorsque Willy Breitling avait lancé la Premier dans les années 40 et avait dit : « Porter une Breitling, c’était faire preuve d’un goût parfait », il était parti d’un produit fonctionnel vers une montre de style et 75 ans plus tard, nous faisons la même chose.
 
J.C-C : les montres connectées sont-elles à votre programme ?
G.K. : non, ce n’est pas notre truc. On ne le fera pas. On ne nous attend pas là. Je ne connais aucune marque horlogère suisse qui se soit lancée dans les montres connectées qui ait eu un succès quelconque. Faire des montres électroniques professionnelles ou de sport, très bien on sait faire.
 
Des montres connectées, il y a des gens en Californie qui investissent des milliards et qui sont beaucoup plus compétents que nous. En revanche, il est clair que la montre analogique peut devenir digitale. Il faut offrir un environnement moderne à un produit qui reste classique auquel les gens s’identifient.
 
Les spectateurs de Goodwood viennent rechercher du rêve mais aussi des technologies classiques. Aujourd’hui, vous ouvrez le capot d’une voiture il faut être informaticien pour comprendre, il n’y a plus de véritable mécanique. Je pense que la montre traditionnelle sera le nouveau luxe.

Auteur d'origine: Jean-philippe Tarot

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