Par SwissIdentity le mardi 29 avril 2014
Catégorie: Presse spécialisée

BLANCPAIN - Blancpain : la petite maison dans la prairie

Dans la vallée de Joux, Blancpain a sa manufacture et ses horlogers dédiés aux grandes complications. Pourquoi les dissocier ? Parce qu'ils n'opèrent pas au même endroit. C'est la particularité de la maison : un grand site de production de sept cents collaborateurs (au Sentier) et, quelques centaines de mètres plus loin, une petite ferme de quarante personnes en charge uniquement des pièces d'exception.

Cet écrin isolé, une rue au-dessus d'Audemars Piguet, s'est installé au Brassus il y a tout juste 30 ans, en 1984. À l'époque, la marque n'appartenait pas encore au Swatch Group. Elle était codétenue par un certain Jean-Claude Biver associé à Jacques Piguet. En 1992, ils vendent leurs parts au groupe de Bienne. Le premier suit la carrière qu'on lui connaît, notamment chez Hublot, le second, encore à la tête de la manufacture de mouvements Frédéric Piguet, vend lui aussi sa marque au groupe.

Bienvenue à la ferme

Cette "ferme", comme Blancpain l'appelle communément, était en réalité un moulin. La marque s'y est établie après avoir quitté ses terres fondatrices à Villeret. Là-bas, elle ne possède plus rien, si ce n'est le nom qu'elle a conservé pour l'une de ses collections actuelles. Contre toute attente, Blancpain n'a plus non plus la moindre trace de ce qu'est devenu le site historique de Jehan-Jacques Blancpain à Villeret...

La "ferme" du Brassus n'en a que plus d'importance. Elle seule résume, sur trois niveaux et une modeste surface, les savoir-faire horloger et des métiers d'art de la marque. Pour la conformer aux exigences de ses occupants, Blancpain l'a intégralement refaite en 2007, ne conservant que les murs, classés.

Aujourd'hui, la bâtisse semble avoir pourtant traversé les âges. La marque a opté pour un mobilier 100 % en bois - établis compris, ce qui est devenu rare -, pour de l'espace libre et, bien évidemment, pour de larges fenêtres ouvrant sur les doux reliefs de la vallée de Joux.

Commandes très spéciales

Ici, pas la moindre trace d'une CNC ou d'une machine à commande numérique. Pas de bruit, pas de traces d'huiles, de fraisage, de meulage : à la ferme, on reçoit les kits (ensemble de composants) du Sentier et on assemble la crème de la crème de Blancpain : tourbillons, carrousels, répétitions minutes et autres grandes complications. Au rez-de-chaussée, une poignée d'artisans s'occupent de la gravure. Au-dessus siège le seul et unique peintre sur émail, "avec de l'émail coloré", insiste-t-il.

Dans ces deux derniers ateliers, la photo n'est pas autorisée. Motif : Blancpain accepte encore un certain nombre de commandes particulières. Elles sont là, à même les établis, mais sont réservées au seul regard de leur client final. Fines gravures personnalisées, motifs uniques, peintures sur mesure : il faudra de nombreux mois d'attente pour que ces garde-temps rejoignent le poignet de leur propriétaire. On entrevoit de nombreux chevaux, une Grande Muraille, on devine aisément la destination finale des pièces... En marge, Blancpain continue également de fabriquer ses montres érotiques, à la demande.

Une montre par an

Aux étages, l'horlogerie est reine. Les équipes sont restreintes : moins de cinq personnes pour la plupart des départements. La responsabilité n'en est pas moins grande, puisque chaque horloger, notamment en charge des répétitions minutes, est personnellement responsable de sa pièce depuis son assemblage jusqu'à sa livraison.

Deux calibres à répétition minutes sont actuellement en exploitation, les Calibres 33 et 233. Il faudra entre cinq et six semaines pour les assembler. C'est beaucoup... et peu à la fois : lorsqu'en 1991 Blancpain dévoilait la grande complication 1735 (30 exemplaires), il fallait un an de montage à chaque horloger !

Dans ce temple de la belle horlogerie, on n'observe aucune des contraintes habituelles. L'oeil rompu aux manufactures suisses ne retrouve pas les traces d'un quelconque "time management" : pas de notes de service, pas de suivi de production, pas de consignes de productivité. "Je prendrai le temps qu'il faudra, mais j'y arriverai", résume, par exemple, notre émailleur, manifestement en prise avec une teinte difficile à réaliser. Ses couleurs se mélangent mal, leur cuisson absorbe une partie des teintes. Mais l'homme est tenace. "Et de toute façon, ici, on me laisse le temps de travailler", conclut-il. Dans l'atelier de haute horlogerie de Blancpain, rien ne s'est arrêté depuis 1735. Sauf le temps.

Visuels © Blancpain, Olivier Müller / Delos Communications

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